jeudi 20 novembre 2008

La Commission européenne veut coordonner la lutte contre la crise économique





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Un stimuli budgétaire de 130 milliards d'euros, soit 1 % du produit intérieur brut européen : c'est l'horizon minimal envisagé à Bruxelles pour soutenir l'économie des Vingt-Sept. L'objectif devrait figurer au coeur du "plan de relance" que José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, va dévoiler, mercredi 26 novembre, afin de coordonner davantage la lutte engagée par les gouvernements contre la récession. Lire la suite l'article
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L'enveloppe, dont le volume est confirmé par des sources officieuses à Bruxelles, serait pour l'essentiel financée sur les budgets nationaux des Etats membres, et abondée à la marge par les fonds communautaires. Dévoilé mercredi 19 novembre par le ministre allemand de l'économie, Michael Glos, le dispositif fait encore l'objet de tractations au sein de la Commission et entre les capitales pour ce qui concerne son ampleur et ses modalités.

Le seuil de 1 % à l'étude est "suffisamment significatif" pour espérer avoir un impact, indique une source bruxelloise, alors que la zone euro et la Grande-Bretagne sont entrées en récession. La définition d'un tel plancher est une façon d'inciter les Etats membres à mettre la main à la poche, en fonction de leurs besoins, et de leurs moyens, en concertation avec leurs voisins.

Mercredi, l'Allemagne a fait savoir qu'elle était prête à jouer le jeu à condition que les mesures qu'elle est en train d'adopter soient prises en compte. Ulrich Wilhelm, le porte-parole de la chancelière, évalue le dispositif allemand à quelque 32 milliards d'euros sur deux ans, mais ce chiffrage fait déjà l'objet d'estimations divergentes.

Alors que la "locomotive" de la zone euro est elle aussi entrée en récession, le gouvernement allemand hésite depuis plusieurs semaines à utiliser toutes les marges de manoeuvre dont il dispose grâce à des comptes publics en quasi équilibre. Berlin prévoit un déficit de l'ordre de 0,5 % du PIB en 2009, alors que de nombreux Etats membres, dont la France, vont dépasser le seuil de 3 %.

"RIEN N'EST ENCORE ACQUIS"

Sur la base des suggestions de la Commission, la concertation entre les Vingt-Sept doit s'amplifier d'ici au prochain Conseil européen, des 11 et 12 décembre. Le sujet devrait figurer à l'ordre du jour d'une rencontre entre Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, lundi 24 novembre.

"Rien n'est encore acquis dans les détails, car il faut examiner quelles seront les mesures les plus efficaces pour soutenir l'activité", indique-t-on au sein de l'exécutif européen. "Ce qui est nécessaire chez l'un maintenant, ne l'est pas automatiquement chez l'autre car chaque pays se trouve dans une situation différente", explique un expert français.

Afin d'accompagner les efforts nationaux, la Commission prévoit, pour ce qui la concerne, d'accélérer la distribution des fonds destinés aux régions et aux populations les plus pauvres de l'Union une enveloppe de 350 milliards d'euros est prévue de longue date à cet effet entre 2007 et 2013. Une partie de cette somme - quelque dizaines de milliards d'euros tout au plus - pourrait être dépensée de manière anticipée dans les deux années à venir, pour accompagner les efforts de lutte contre le réchauffement climatique, et sécuriser l'approvisionnement énergétique.

Très sollicitée, la Banque européenne d'investissement (BEI) a annoncé, lundi 17 novembre, son intention d'augmenter son volume de prêts de 10 à 15 milliards d'euros par an.

Le plan en préparation à Bruxelles devrait par ailleurs s'intéresser de très près au secteur automobile, comme le demandent Paris et Berlin. Les constructeurs réclament 40 milliards d'euros sous forme de prêts bonifiés, sur le modèle du dispositif en cours d'adoption aux Etats-Unis.

La Commission, qui menace de traîner le dispositif américain devant l'Organisation mondiale du commerce, refuse une telle approche : elle envisage plutôt un "bouquet" de mesures, afin, entre autres, de faciliter le financement de l'innovation dans des technologies moins polluantes. Un système d'aide d'urgence, à l'image des garanties imaginées en Allemagne pour voler au secours d'Opel, une filiale de General Motors, est examiné. Le fond social européen, ou le fond d'ajustement à la mondialisation devrait, par ailleurs, bénéficier aux salariés du secteur mis à pieds par les grandes marques.

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